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L'attente . Attendre patiemment que l’idée nous revienne, Devant cette blancheur de page immaculée, C’est là toute l’horreur même la plus ancienne, Pour la plume d’auteur hélas émasculée.
L’inspiration se meurt dans la cervelle molle Même si l’écrivain rêve d’autres pays, Comme un bateau au port, accroché à son môle, Ou voyageur mourant en vue de l’oasis
Pour étancher sa soif à de belles fontaines Et marcher les pieds nus sur les sables brûlants Sans jamais voir plus loin que les croque-mitaines Se rapprochant de nous à pas furtifs et lents.
Attendre patiemment que l’idée nous revienne Pour noircir le papier d’élucubrations D’un cerveau révolté par une césarienne, Ce ne sera jamais que désillusions.
Il ne faut pas forcer ce qui est la nature, Le silence est de l’or qu’il faut savoir polir Car le son discordant est comme la rature, Il ne pourra jamais, un écrit embellir.
Pauvres alexandrins nés de mes bons neurones, Je ne puis piloter leurs violents combats, Ma souris en ma main est véritable drone, Elle porte en vos cieux tout le poids de mes bâts.
En décousant ainsi tous les fils de l’idée, Ma main tremble d’émoi devant ce noir néant, Ma plume enfin se tait car l’idée est ridée, Son bateau a coulé au fond de l’océan.
Attendre patiemment que l’idée nous revienne, Pour pouvoir tout noircir, qu’il n’y ait plus de blanc Sur ce papier lavé par l’encre diluvienne ; Ecrire ainsi, surtout sans aucun faux-semblant.
Capricorne, le 08/04/2019
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