AIMEE




Son prénom, c’était Aimée
Mais gentiment, on l’appelait « Biquette »
En raison de son troupeau de chèvres.

Elle habitait dans une cabane délabrée
En plein milieu d’un bosquet.
Elle n’avait peur de rien, Biquette.
A qui voulait l’entendre, elle disait
« j’habite le Château de Paille, Domaine de la Traversée »
Au village, on se moquait
Mais qu’importe, elle s’en fichait.

Le dimanche nous allions lui rendre visite
Et lui amenions un repas qu’elle engloutissait très vite.
Elle nous offrait « un coup de cidre, comme elle disait,
Le verre était « douteux », mais il fallait boire
Afin de ne pas la décevoir,
Toutefois, après une gorgée, le reste,
Nous jetions par terre.

Elle nous racontait sa jeunesse,
Ses rencontres de la semaine,
Ses problèmes avec les agriculteurs
Qui avaient peine, à conduire leurs tracteurs
Dans leurs champs de cultures diverses
En raison des chèvres vagabondant avec ivresse !

Les hivers froids étaient rudes
Mais depuis longtemps, elle avait l’habitude.

Les jours de marché, on pouvait la rencontrer
Le dos courbé, sur son vélo usé
Aux sacoches élimées.

Les animaux des bois l’aimaient
Son chien, de toute approche, la prévenait
Même le corbeau avait fait son abri, niché
au plus près de la bicoque d’Aimée.


Aujourd’hui, il ne reste rien
Mais certains soirs, on peut voir
Les yeux de lumière d’un hibou
Heureux et fier sur la plus haute branche d’un houx.



Thaieva 18/03/2019