Plume de satin Inscrit le: 5/2/2019 De: Haute-Loire Envois: 36 |
poète maudit Je me suis voulu laid, infirme qui volait, Cherchant avec délices à être l’albatros Qui survole, indolent, les océans féroces, Croyant qu’aucun humain ne pourra l’égaler
Je m’en suis délecté, quitte à devenir veule Pensant avec fierté qu’être roi de l’azur Qui joue avec les mots pour s’offrir l’Ecriture Suffit pour être Humain et n’être que le Seul
Je me suis voulu mort, exilé qui s’amuse, Croyant avec malice être ce grand oiseau Qui évite les flèches en se voyant si haut Ignorant les humains et piétinant sa muse
Je m’en suis habillé, quitte à te laisser nue, Cherchant avec ardeur à côtoyer les Dieux Persuadé que ma place se trouvait dans les cieux Au-delà des humains que je ne voyais plus
Je n’étais qu’un vautour au plumage puant S’imaginant superbe et délaissant les airs Pour t’arracher la peau et te ronger les chairs Malgré tes bras humains et tes yeux suppliants
Je m’en suis emparé, quitte à donner l’Enfer, Portant avec fureur de mes serres sanglantes Des caresses obscènes tout autant que brûlantes Sur tes larmes humaines dont je n’avais que faire
Je devins charognard, fossoyeur de tes rêves, Convaincu d’exister, de régner sur le Monde, Quand chacun de tes cris me rendaient plus immonde Au milieu des humains indignes d’une trêve
Je m’en suis couronné, quitte à te faire payer, Prétendant que le prix n’était rien à côté Des horizons ouverts et de l’immensité Qu’une vulgaire humaine se verrait octroyer
Je me suis voulu laid et le devins vraiment Et posé sur le sol découvris le supplice D’avoir brûlé tes pas, offert en sacrifice Le seul Humain croisé qui n’était pas méchant
Je m’en cache aujourd’hui, quitte à perdre les nues, Certain que quelques mots, aussi brillants soient-ils Ne valaient pas l’effroi qui déformait tes cils Dont la beauté humaine était plus qu’ingénue
Je me suis voulu mort et me sens déjà froid Bien loin de l’Océan que je croyais dompter Et des rivages noirs que ne peut accepter Un véritable Humain dont le regard est droit
Je m’en éloigne enfin, quitte à trahir un vœu, Conscient que le voyage devenait un carnage Et ne méritait pas la destruction sauvage De la confiance humaine qui brillait dans tes yeux
Je me voulais maudit et le suis maintenant Mais trop loin du navire et de son équipage Après avoir compris qu’il était bien plus sage D’être Humain à son bord qu’aigle dans le Néant.
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