Poussé sans le vouloir par des vents d’un autre âge
J’ai rejoint tes rivages,
Comme ces Espagnols désirant un empire
Et la gloire et la peur, autant qu’un Avenir.

Porté sans le savoir par l’Océan furieux
J’ai caressé tes yeux,
Comme ces Espagnols égorgeant le Condor
Et ses fils et ses filles, pour une poignée d’or.

Attiré par les feux de Villes interdites
Je t’ai voulue féline,
Pareil aux conquérants apportant la vermine
Au cœur de citadelles à tout jamais maudites.

Guidé comme autrefois par des nuits sans sommeil
J’ai glissé sur tes reins,
Pareil aux conquérants arrachant au Soleil
Ses cités et ses temples, une Bible à la main.

Rejoint par des démons que je croyais enfuis
J’ai mêlé nos deux sangs,
Comme ces Etrangers dévorant leur ennui
En massacrant l’Inca sous les yeux des enfants.

Abandonné ici, redevenu sauvage
Je quitte cette plage
Comme ces Etrangers déchirant le Couchant
De leurs sabres et leurs yeux qui attirent le sang.

Comme ces Espagnols piétinant un Empire…
Comme ces Conquérants n’ayant rien à offrir…


Eric