La lune cette nuit avait un air chagrin,
Contre la vitre froide elle appuyait sa joue.
Le silence versait , son sable, grain à grain,
Impavide, le temps, faisait tourner sa roue.

La lune, cette nuit, avait mal à la tête,
Et se coiffait le front, d’un sombre firmament.
Une flaque d’ennui, sur sa mine défaite
S’étalait, lentement...

La lune, cette nuit, avait du vague à l’âme.
Le long du baldaquin de son céleste lit,
Elle flottait, sans but, cherchant son oriflamme
La lune, cette nuit...

Le coeur emprisonné sous de noirs paravents,
Elle voguait la brune, au milieu des nuages;
Cachant son auréole, entre les bras des vents,
Frivoles et volages...

Cachant son auréole, ombrageant son visage,
Car cette nuit , hélas! s’est enfui son Pierrot;
Il a fermé la porte et laissé pour message
Sa plume, sans un mot...

Et tant elle pleura, la pauvre, à perdre haleine,
Que, lorsque je voulus recueillir ses sanglots,
La coupe de mes mains en était déjà pleine,
Ses pleurs avec les miens, avaient mêlé leurs flots!

_____-11 décembre 2018___________