Un homme se plaignait de sa vie imbécile,
Grise comme son teint, ses journaux, sa télé ;
Quand il quittait son domicile,
Tout trouvait sens à quereller.

Son job de Cadre sup., à singer la richesse,
Larbin à faire et à penser,
Du grand capital en liesse,
Le mettait hors des gens, maladroit, offensé.

Belle auto, silence d'autiste,
Pare-brise en verre fumé,
Il se sentait bien nul, isolé et tout triste,
Sans égards, sans regards, et le ciel embrumé.

Il évoquait cette misère,
En fin d'année, en séminaire ;
Veste rouge et traineau, un gros monsieur blanchi ,
Lui dit ces quelques mots qui le fit affranchi :

"Cher ami, apprenez à mieux vous reconnaître,
Voyez votre smartphone, une appli vient de naître,
Un "miroir" qui vous dira tout,
Prenez espoir en cet atout !"

Vite il téléchargea ce logiciel merveille,
Et sa joie éclata comme mure groseille,
Quand webcaméra et micro,
Le qualifièrent de héro !

Cherchant notation cinq étoiles,
L'appli Miroir met toutes voiles
A flatter le badaud, et ce vilain grognon,
Devant tant de raison, devint un gros mignon ;

A son supermarché, il séduit la caissière,
Au chien de ses voisins il fait belle manière,
Et son épouse, il l'honora,
D'un beau manteau en angora.

Plein d'égards, de regards et le ciel dégagé,
Il sourit à la ville, et les gens, en partage,
Reflètent son air engagé,
Comme un miroir, de son image.