J’suis un peu fatigué, j’avoue
De cette humanité en berne
De cette enfance que je voue
A mes yeux devenus ternes

A cause du manque de bon goût
A cause d’un monde de caverne

J’suis un peu fatigué, j’avoue
D’croire en l’irréalisable
Depuis que j’ai sur mes genoux
Autant d’plaies qu’dans mon cartable

Et d’idéaux dont on s’en fout
Quand on vit dans l’agréable

J’suis un peu fatigué, j’assume
De ces journées sans horizon
Où je pleure dès qu’on allume
Un grand écran sur des millions

De pauvres mômes qui consument
Leur belle jeunesse pour des vieux cons

J’suis un peu fatigué, j’assume
De voir passer les semaines
Avec la moiteur de la brume
Qui dans mon cœur qu’on malmène

Joue à cache-cache avec l’enclume
De mon espoir pris dans les chaînes

J’suis un peu fatigué, tant pis
C’est de ma faute aussi, un peu
Y’a pas qu’des nuits, y’a pas qu’du gris
Faudrait qu’j’arrête d’être peureux

Face au bonheur et ses folies
Face au soleil des bienheureux

J’suis un peu fatigué, tant pis
Après-tout, puisque tout va bien
J’devrais donc ignorer les cris
Me dire qu’il n’y a pas d’orphelins

Pas d’assassins, pas d’maladies
Et que personne n’crève de faim

Alors tout ira mieux, pardi…

Loïk. P