Le voici sans arrêt faisant ses manigances,
Envoyant aux humains ses fureurs, ses outrances ;

Toujours prêt à sévir, à faire le malin,
Écoutez sa chanson, son faux air de câlin.
Monsieur fait ce qu’il veut sans l’avis de personne,
Prétextant son humeur, son allure bougonne ;
Sans long cris et sans bruits, il fait son dur refrain,

Écrivant un long livre à la plume d’airain,
Signant de quelques ans son étrange musique ;
Toutes ses volontés, sa marche maléfique,

Tous ses coups imprévus auront raison de vous ;
Oubliant son passage, avec des rêves fous,
Un jour vous le verrez venir sans prendre garde,
Joyeux, insouciants, sans voir sa hallebarde ;
Obnubilés par tout, la chanson des blés d’or,
Un rayon de bonheur, un superbe décor,
Rivés aux doux instants, tous ceux de la jeunesse,
Soyez pourtant prudents devant sa politesse.

Le monstre est un coquin, un animal maudit,
Engendrant sans arrêt le début de la nuit.

Gagnez, si vous pouvez, simplement quelques mois ;
Achetez-vous des jours, juste quelques émois ;
Gardez-vous de son rire et de son faux sourire ;
Nul ne l’a terrassé, nul ennemi n’est pire ;
Avec ses airs pareils à tous ceux des vautours,
Notre ennemi le temps, compère de toujours,
Tyran et tortionnaire, est toujours le gagnant.