Je me souviens du bruit que faisait
le vent
Courant sur les toits
de tôles
Elle était à la cuisine
maman
Pas de place à
ses jupons
Et la lampe à
pétrole
Qui renvoyait tout sur
le mur
Rendant l’instant
effroyable.

Je me souviens de ces
grincements
De portes et de
planchers
A faire trembler le plus
turbulent
J’étais le seul
gaucher
Tout me paraissait
inéquitable.

Je me souviens de l’air d’une vieille
chanson
Que reprenait un vieux
grognon
Et les pieds boute-en-train de
mon père
Essayant de suivre la
cadence
Semblaient revoir le tempo avec
Insolence.

Je me souviens que sais-je
encore
De ne pas m’en souvenir aurai-je
tort
D’avoir conduit ma mère… puis mon
père
Tous deux mis en bière pour le
caveau
Déniant qu’en ces jours, le temps puisse être
beau…

Je me souviens d’avoir étouffé mes
sanglots
Les mots de circonstances coulaient déjà à
flot
Les regrets avaient plus de senteur que les
fleurs.

Je me souviens de tous ces
matins
Qui reviennent en peau de
chagrin
Etant plus en rires qu’en
pleurs
Taisant les cris de mon
cœur
En blagues ou en palabres
Me reste quant même au coin de l’œil… une goutte
de rosée !