Il était une fois
Un tout petit gamin
L'innocence et la foi
À l'orée d'un chemin
Un regard ingénu
Sur un monde inconnu

Rien n'allant de travers
Dans son jeune univers
Horizon dégagé
Aux abords du verger
L'heure était au printemps
À l'amour et pourtant

Là, des pommes, des poires
Qui vivaient sans histoire
Recevaient sur le front
Des pépins de citron
Là, des prunes, des pêches
Aussi douces que fraîches

Recevaient des pelures
D'orange à la figure
Ni le ciel éclairé
Ni les nuages roses
Ne laissaient augurer
D'un avenir morose

Les bourgeons, les pétales
Étaient faits de cristal
Les buissons d'alentour
Formaient de beaux parcours
Tout était éclatant
Magnifique et pourtant

La, groupés, des bouvreuils
Tremblaient comme des feuilles
Là, figés, des pinsons
Ne donnaient plus un son
Entourés de busards
Pas venus par hasard

C'était dans un pays
Qui n'avait d'horizons
Que jardins et taillis
Que prairies et gazons
Où semblaient triompher
Les lutins et les fées

L'air était exaltant
Bénéfique et pourtant
Au revers du décor
Paraissant filé d'or
Hélas se profilait
Un monde bien plus laid

Il était une fois
Un tout petit gamin
L'innocence et la foi
Cisaillées en chemin
Un regard ingénu
Trop tôt tombé des nues !