Toi qui, seule, parais...
Toi qui, seule, parais en rêveuse pensée
Imagine, soudain, qu’une voix insensée
Te hèle et te supplie.
Le doux grain de son timbre embelli par l’émoi
Te dira simplement que cela vient de moi
En chimère accomplie.
Mets-toi sitôt en marche, en gardant bonne allure,
Tu seras d’ici peu, d’une courte encablure,
Au pied de mon vieux chêne.
Là je t’accueillerai, cœur battant, mais tranquille
Ayant fui, pour un temps, les tracas de la ville
Où le bruit se déchaine.
Assis au pied de l’arbre en regardant au loin
Nous verrons devant nous, sans le moindre témoin,
Dans la belle contrée
Les grands champs, les jardins aux pieds de verts coteaux
Qui sont tels des plantons bornant d’épars châteaux
Au seuil de leur entrée.
Je veux tant te montrer cette douce nature,
Cet écrin de joyaux d’une essence si pure,
Qu’ici je perds patience.
Accélère ton pas, mais ne perds pas haleine !
« Il n’est de paradis qui se trouve sans peine »
Dit l’antique sapience.