Les Sandales de Saule

Laque noire, nuque blanche,
En ruisseau de silence
Et tabi de coton,
Sur la piste de danse,
La maïko dessine
Son agonie de neige

Les flocons de lumière
Se posent sur son cou
Qu'elle tend au couteau
La soie qui la recouvre
Fait un linceul de nacre
A l'agonie du cygne

Mille années sont gravées
Sur ses socques de bois
Des lanières de sang
Accompagnent ses pas
Et des cristaux de glace
Baignent les univers

Elle a posé les yeux
Sur le danna qui l'aime
Sans mot dire elle glisse
Sur les ténèbres lentes
Ce soir elle sera sienne
Pour la première fois

Sur ses sandales hautes
Elle contemple le monde
Portant l'ombrelle fine
Qui ne l'abrite pas
Sur sa joue on remarque
Une larme de jade.