Petit grillon


Il est là ! Au fond d’son trou,
Un peu pataud, noir comme la terre,
Enraciné, au pied des primevères,
Jalousant les sauterelles !
Caressées par l’alizé
Et pourtant…
Il attend comme toujours,
Loin des grosses artères,
Loin des taupinières,
La fin de l’hiver, révisant ses gammes
Quand le pré sera vert encore !
Alors !
Bientôt il fera vibrer ses élytres !
Froissant les délicats coquelicots !
Habillant le crépuscule !
Voilant le profond silence !
Brillé lampyre d’un dernier vers
Sourire le vin dans un éclat de rire
Au cœur des étés chaleureux.

Je me souviens de ces moments…
Quand les enfants, le brin malicieux et l’herbe folle,
S’amusaient à te chatouiller pour te faire sortir :
Prendre l’air, l’air du temps d’avant…
Et toi qui repasse encore…
Malgré tout, pourtant, encore et encore !
Au pied des maisons
Domestiquées…
Sur le seuil de nos royaumes
Pixellisés…
Dénaturés…

Dis-moi, petit grillon
Toi qui connais le secret des saisons
Quelle est la solution pour que l’homme sorte
De son trou, retrouve,
Le chant ivre de liberté ?
Des soirs d’été…


Ogr3