Centenaire je serai
Et je vous parlerai
De mes années lointaines
Aux rires aux mots de peine
D’un regret de jeunesse
D’une jeunesse en laisse
Quand l’argent absent
Des poches des parents.

Et je vous parlerai
De ma belle roseraie
Qu’aimaient tant les abeilles
Un bonheur sans pareil.
Des océans d’avant
Avant réchauffement
Avec des goélands
Tournoyant dans le vent.
Des rives sans béton
Des plages au sable blond
Aux paillottes brasero.
Maintenant sous les eaux
Les plaines sont des marais
Ont brulé les forêts.

Et je vous parlerai
Sans le voile du secret
Ni doute ni dilemme
De mon cœur qui vous aime.
De Celle qui m’accompagne
En fidèle compagne
Sur mes rêves de montagne
Dans les Alpes en Cerdagne.
Et je vous confierai
Mes échecs mes succès
De la déprime d’être
Ma haine des petits-maîtres
Qui s’approprient le Monde
Par des idées immondes.

Pour la vieillesse de mes traits
Pour mon verbe désuet
Vous me rassurerez
Quand vous ressentirez
Que mon âme s’échappe
Que l’existence dérape
Qu’elle part à contre-sens
Sur sente de démence.

Puis je rabâcherai
Toujours à l’imparfait
En des termes confus
L’histoire de ma Tribu
Alors vous penserez
Une larme écrasée
Un clin d’œil convenu
« Papou a bien vécu ».
Centenaire je serai
Et je vous quitterai.