Mais vain dieu, me faut-il, de ce lieu me tirer
Alors qu'en ce duel on veut tant m’attirer ?
Je veux qu’en la matière on puisse élire un maître
Facile à fréquenter ou bien à reconnaître.
Vigneron téméraire empli d'outrecuidance !
Te voilĂ bien gaillard Ă donner importance
A ce bretteur gascon d’un immense renom
Qu’ici devant témoins tu prends pour un démon.
Je suis du PĂ©rigord, en effet, tu le dis
Et pour moi la Dordogne est un doux paradis
Où l’on sait recevoir pour y faire bombance
De cèpe ou truffe noire offerte en abondance.
Je vois bien ta serpette et ton vieux sécateur
Que tu tiens avec soin tel un grand sénateur
Qui sait toujours si bien saigner l’homme et la vigne
Sans besoin de pousser au cuveau tout indigne.
Sachant ton fort penchant pour le plat servi froid
J’ai rangé mon réchaud dans un obscur endroit.
Et je mets à l’enchère une poêle sans lustre
Qui fut le bel outil d’un cuistot fort illustre.
Vipère ou bien serpent je ne saurais choisir
Pour parler de Satan qui jouait pour loisir
Avec des démunis qui ne savaient la pomme
Sot objet de pression d’un divin majordome.
Néanmoins je renifle en ton port du mépris
Pour ce fameux rhéteur dont je suis fort épris.
Mais que dire à l’instant de sa si belle verve
Qui provoque en ton être un senti qui t’énerve.
Je te vois détaillant des doux vins de Gascogne
De Manseng fabriqués sans aucune vergogne
Que l’on boit entre amis avec du très bon foie
Quand le combat des coqs se finit dans la joie.
Pour ton invite franche où l’on doit se combattre
Je m’en vais, de mon bras, retirer ce dur plâtre
Ne voulant nullement t’assommer sans querelle
Sans te mettre Ă mes pieds pour m'aimer, macarelle !
J’espère en ce combat enfin trouver la place
Que je brigue depuis qu’est ouvert ce palace,
Ce lieu sûr où l’échange est prévu sans grand heurt
OĂą tout bon chroniqueur peut trouver son bonheur.
macarelle: juron occitan