Le corbeau s'alita, ma foi bien fatigué,
Tout groggy, tout dolent, ne buvant que tisanes,
Le jabot décrépi, le bec fort englué,
Craignant que son caquet un jour ne le condamne,

Il faisait moins le fier, tout au fond de son nid,
Honteux que le renard l'ait ainsi débusqué,
Punissant son amour des longues causeries,
Pour avoir croassé un malheureux pamphlet,

Il s'endormit, le ventre en l'air, le bec pendant,
La sieste étant sensée être réparatrice,
Quand cauchemar le fit se croire rôtissant,
La peau nue et le corps tournant sur une hélice,

Le corbeau s'éveilla, plumes plutôt froissées,
Constatant qu'il avait toujours ses abattis,
Quand ce rêve troublant lui fournit une idée,
Inviter le renard à déjeuner exquis,

Dès que l'oiseau sentit sa forme revenir,
Il invita chez lui le dangereux goupil,
A force de courbettes pour mieux l'étourdir,
Octroyant au renard des grimaces subtiles,

Il cassa avec lui une petite graine,
Montrant son intérêt pour cet hôte de marque,
Victime infortunée de maladie prochaine,
Qui ne lui ferait plus de vilaines remarques,

Le museau du renard tout-à-coup se fronça,
Faute de son gosier brusquement obstrué,
Le voici étouffé par son léger repas,
Comprenant un peu tard qui était le rusé.


Linette - 11 juillet 2017