D’où vient cet homme
Dont la légende n’a point retenu le nom ?
D’où vient-il
Et où va-t-il ainsi précédé de son ombre ?

Ses yeux scrutent
Le présent
Et reflètent les images du passé
Il fut d’ici
Et d’ailleurs
Il est partout
Humble
Noble
Écrasant la douleur sous ses pieds

Ses larmes
Perles rares
Ont arrosé bien des joues
Et ses mains rugueuses
Ont caressé bien des peaux
Il est amour
De tous les amours
Ceux qui fleurissent au printemps
Pour donner des couleurs
Aux jours arides des étés longs

Il aurait pu être toi ou moi
Mais aussi nous
Mais il se singularise
De toi et de vous
Sans être un « il » iconoclaste
Qui danse avec les absences



Il est d’où cet homme
Qui livre ses rides aux vents des colères
Quel est sa quête
Sa requête
Lui qui porte son cœur
Au creux de sa main ?

Je le vois
Comme tu le vois
Langeant les rives des rivières fougueuses
Pour se désaltérer des sources des mers ombrageuses
Il pompe la soif de son regard
Et sème le bonheur de ses mots
Il est l’hirondelle éternelle
Qui dans ses pérégrinations
Défie le temps
L’espace
Combat l’étroitesse des esprits obtus

Il est la saison
Celle des rêves non aboutis
Celle des souhaits à peine imaginables
Il est l’anti-dieu
L’anti prophète
L’anti roi
L’anti esclave
Gladiateur de la gloire
Que toi et moi
Ils et nous
Sommes obligés de croire


Il s’en va où ce bonhomme
Que la foule acclame
Réclame
Mais qui ne vient
Ne reste
Ne part
Qu’au moment où l’aube caresse la nuit ?

Sur la pointe des pieds
Sans bruit
Sans tambour
Il invite la paix
Celle qui dépasse la mort
Qui se rit des naissances
Et qui incarne la vie
De tout moment
De tout instant
De tout lieu !

Ni magicien
Ni séducteur
Ni aède
Ni amuseur
Ami de l’enfance
Ton enfance
Mon enfance
Leur enfance
Il a un peu de toi un peu de moi
De nous
Il est le tout
Qui sans rien dire résume l’unité
Et la pluralité
Dans un même écrin
Éclatant de vérité
De nudité
Comme le corps d’une femme
Au moment des jouissances
Quand l’orgasme
Rivalise avec l’ivresse des vins promis
Quand le plaisir dépasse
Le point culminant de l’overdose
Et que la mort
Ne surgit que comme un baiser
Du dieu
Sur la bouche sensuelle d’une nymphe avide
Sur une couche berbère
Limpide

Sang qui coule
Hymen qui saute
Voie ouverte vers les sanctuaires du ravissement
Au moment où tous les édens closent les portes
Au moment où les tambours des fous
Défoncent les portes

Car c’est au moment où
Le diable est terrassé
L’ange ressuscité
Le chaudron de l’éternité ressuscité
Que lui brise le caveau
Déchire le linceul
Et réhabilite la blancheur
De toute sa splendeur


Fumée de mes rêves
Partant d’un joint qui crève
Bulles de mes fantasmes
Sortant d’un vin qui s’achève
Ainsi fut l’homme
Venu trop tard
Pour partir trop tôt

28/05/2017

Ait Slimane Hamid