ton cri
zèbre le silence
et à son tour le silence
mord ton cri
l'avale
le rend muet

c'est dans le giron des non dits
qu'agonise ton appel
et c'est dans le tintamarre de mes hurlements
qu'expire mon silence
chaque fois que tu vis
se meurt quelque chose en moi
et à chacune de mes morts
renaissent moult désirs en toi
jeu subtile
d'apparitions et de voltes faces
nué de disparitions
et exhumations
dans une ronde
spirale comme le temps
qui parfois efface
parfois s’efface
pour donner à l'oubli sa raison
et au souvenir sa consistance
notre drame se joue
à pile ou face

bruit
sourd
infime
qui lacère l'âme
de ses angles acérés
par la lime de l’éternité
mutisme bruyant
au rythme d'un coeur qui bat la chamade
hymne à la révolte
qui fracasse la surdité du coeur
avec la violence des vagues
irrévérencieuses
qui se vengent de leur furie
de l'immobilité des roches
des falaises
mais qui meurent dociles
dans un baiser
déposé sur le sable

taciturne est mon coeur ce soir
bavarde est ma colère cette nuit
je m'en veux
je t'en veux
j'en veux au silence
j'en veux à la parole
leur envol
comme leur paresse
m'irritent
et toi absente
tu peins mon dépit sur ton sourire
moqueur
et tu dessines des hiéroglyphiques
d'amour
de désir
tatouages érotiques sur ta peau
autant de dards
qui piquent
l'envie
de la chair
voie et passage
vers le seul dit valable
celui que prononcent les cœurs
quand la langue devient muette
celui que lancent les âmes
quand enfin
au dessus des mers
chantent les mouettes

Hamid Ait Slimane

11/05/2017