Le Clown triste
L'autre soir, j'ai croisé,
Aux abords de la foire,
Un artiste de cirque
Qui faisait s'esclaffer
La foule rassemblée.
La face enfarinée,
Un gros nez, des souliers
D'une taille imposante,
Il attirait du monde
Par mille cabrioles.
Un sourire était peint
Sur sa face de lune.
Je m'approchai un peu
Pour assister pensive
Au triomphe du clown.
Par hasard, un instant,
Nos regards se croisèrent
Et ce que je vis alors
Me déchira le cœur.
Dans ce livre entrouvert,
J'avais su déchiffrer
La tristesse infinie
De celui qui contemple
La face grimaçanteÂ
De la réalité.
Parmi les cris de joieÂ
De la foule enthousiaste,
Il faisait tous ses tours,
Et des bravos sans nombre
Accompagnaient l'artiste.
Mais ses ballons crevés,
Ses pirouettes fines,
Ses blagues de potache,
Ne dissimulaient plus,
A mes yeux désolés,
La voix désespérée
De cette âme esseulée.