Ce jour, j’ai soixante ans.
Qu’ils sont loin mes vingt ans
Au grand charme envoûtant
Où seul comptait l’instant.
Tout était épatant.
Le futur embêtant
Ne m’effrayais pas tant.
Je fêtais en chantant
Les éternels printemps.

Ma jeunesse d’antan,
Déjà depuis longtemps
Me trouve rebutant.
Cette ardeur ne m’entend
Point, pauvre Jonathan !
D’elle rien je n’attends.
L’avenir qui me tend
Un vieillard tremblotant
A l’aspect inquiétant,
N’a plus rien d’excitant.

Je n’ai pas l’air content ;
Ma tristesse s’étend
Sur l’entrain déconcertant
D’un homme mécontent.
Je trouve dégoûtant
Et point réconfortant
Que Dieu reste distant
Face au malheur patent
D’un trépas révoltant
Qui demeure latent ;
Il tuera l’impotent.
La vie, le charlatan
Ensemble avec Satan
Font miroiter autant
D’immortels s’incrustant
Dans les cœurs qui pourtant
Ont des cerveaux battant
La mesure du temps.

Je fête en sanglotant
L’éphémère existant.