Voiliers de nuit. Huile au couteau par Micam.

Le vieux marin

Je dors dans mon bateau lorsque je suis au port
Et les sourds craquements des membrures du bord
Le sifflement du vent, les claquements des drisses
L’amarre qui se tend et qui brusquement crisse
Le clapotis de l’eau, les cris des goélands
Et de l’embarcation le balancement lent
Tout ça m’est familier, loin du plancher des vaches
Et berce mon sommeil quand au port je relâche.

Lorsque la mer grossit, j’accroche mon hamac
Dans le café du port sans faire de micmac
Mais je m’endors moins bien dans un lit immobile
Et pour m’installer là il me faut ce mobile :
Je ne puis pas rester à bord quand l’ouragan
Fait valser mon petit esquif en zigzagant
Quand ses coups de boutoir et ses airs de trompette
Sont les premiers couplets d’une belle tempête.

Mais lorsque l’horizon s’éclaircira enfin
Je retournerai voir mes amis les dauphins.
Près d’eux je me sens bien, je me sens vivre libre
Je crois que je pourrais chanter comme un félibre.
Ma Méditerranée m’attirera toujours
Et je ne pourrai pas l’abandonner un jour.
Au fond de moi ce n’est pas l’esprit qui divague
Mais viscéralement je sens l’appel des vagues.

Adn 07.01.2017

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