Je reviens

Je n’entendais plus les rires et les chants dans ce monde devenu muet,
Condamné par son aveuglement à la perpétuité du silence des miens.
Je n’attendais plus impatient derrière la porte le retour de ma bien-aimée,
Assassiné par l’ambition dévorante sans limite de son appétence…je reviens.

Je suis parti un soir de gris pour faire le tri dans le vide de mon cœur,
J’ai trainé ma peine sur l’immensité de chaussées amères de mon chagrin.
Je suis sorti de ma vie c’était un jour comme les autres sans heurts,
Et je me suis livré pieds et poings liés au vertige de la folie…je reviens

J’avais oublié la peur de ne plus retrouver le chemin de la maison,
Assis sur le fil du rasoir, « jouant » avec la mort au bord du tremplin.
Je perdais petit à petit le fil de mes pensées et celui de la raison,
Transi dans un malheur noir, lâchant prise le cul dehors…je reviens.

J’ai dormi à côté de vos chaussures sur des grilles à l’haleine chaude,
Et j’ai vu mon âme dans les reflets d’une flaque givrée au petit matin.
J’ai frémis dans le silence des nuits glaçantes d’un hiver sans repos,
Et j’ai voulu mourir pour calmer ces hurlements de désespoir…je reviens.

Mais l’envie de vivre était plus forte que celle d’être sous la terre ensevelie,
Je me suis remis debout pour empoigner la pétulance de mon bâton de pèlerin.
Mais l’envie de faire renaître ma plume pour une autre que celle qui m’a trahi,
Etait plus tenace que celle de bruler mes rimes et mes dictionnaires…je reviens.