De mes propres mains, j'ai retourné la terre !
Je l'ai refait mille fois le chemin à l'envers !
J'en ai soulevé des montagnes de poussière !
Traversé tant de ponts au-dessus des rivières !

J'en ai bavé comme personne pour en arriver là !
J'en ai mené avec courage de nombreux combats !
J'ai pris des coups mais n'ai jamais baissé les bras !
Avant d'être homme, l'enfant doit faire bien des pas !

Envers et contre tous, je l'ai tracée ma route !
Jamais, dans mes poèmes, n'a subsisté le doute !
J'ai arraché au vent ses maudites complaintes,
D'en perdre tout mon sang, je n'ai pas eu la crainte !

Mot après mot, j'ai tissé la trame de mon existence,
Chaque obstacle, grâce à eux, fut aisément franchi,
Plus j'avais mal, plus grande était mon éloquence,
Que ce soit à moi ou à vous, je n'ai jamais menti !

J'ai cousu des étoiles dans le fond de mes yeux,
Du ciel, depuis toujours, je suis fou amoureux !
Quand il s'est assombri, je l'ai pris dans mes bras,
Et quand tombait sa pluie, c'étaient larmes de joie !

La chance n'y est pour rien, je sais mon avenir,
Les lignes de ma main ne sont que mots croisés,
Comme tout un chacun, un jour, je vais partir,
Demeureront les traces laissées sur le papier...

En vers et pour vous tous, j'ai écrit tant de poèmes !
Jusqu'à brûler mes yeux sous des lampes assassines,
J'ai écrit pour que vivre ne soit plus un problème
Et pour que toutes nos peines se fassent plus câlines.

Voilà mon héritage, je n'en laisserai aucun autre !
Toute ma vie durant, j'aurai écrit sans relâche,
Pour que, sur toutes ces vies que sont les nôtres,
S'effacent, une à une, toutes les noires tâches.

D.B