j'exhibe mon corps au vent...
lui et son franc mordant..
me lacère les chairs..
de ses dents imaginaires...

Qui connait tout de l'amour...
s'habille de même chaque jour
l'habitude est comme un petit matin..
qui passerait sa peau de chagrin...

Suis lasse de ces moments sans fleurs..
je cherche des yeux un jardin sans pleurs..
où les pâquerettes n'attendent pas printemps
pour se faire petites coquettes au teint blanc...

Sur mon balcon de béton tout gris...
sombre comme le début d'une nuit...
je vois ma rue d'en haut prise par le vent..
du souffle d'un hiver précocement glaçant..

Je suis impatiente d'un mois de mai...
qu'il soit même un peu frais sous le muguet..
que je puisse légèrement me dévêtir...
et mes épaules légèrement frémir...

Je prends le souffle du vent du nord...
comme l'étreinte d'un mauvais sort...
tout ce triste temps sous ce presque Noël..
me rappelle mon passé et ses séquelles...

J'exhibe mon corps au vent....
qu'il me prenne, m'emmène loin du temps...
lui ... et son franc mordant....
qu'il me ramène lorsqu'il fera printemps...

Isabelle le 10 décembre...

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