Beauté fatale (expressionniste)

Dans les faubourgs aux bitumes roses
Tu te dresses en mannequin derrière la vitre des mirages
Les éclairs des yeux t’effleurent avec soin Te jaugent
Insolente tu leurs souris dans ta cage

Tu fonds les métaux précieux dans la soute
Alchimiste avec la foudre tu forges un pur soleil sur la voûte
Perle illuminant un palais que les vents célestes tourmentent
Née dans le cœur ô combien de toi l’homme se vente !

Tes doigts agiles sculptent devant les regards des silhouettes en transe
Formes enchanteresses épanchant des sèves vaporeuses d’encens
Dans le jardin aux sources chaudes de fragrance
Embaumant des statues de marbre aux couronnes brodées de noires roses

Ta voix échappée d’un chant grave liturgique
Fait vibrer tous les murs aux douleurs marbrés
Mélodies raisonnantes sur les épaves tragiques
Des âmes dans le bassin de l’utopie noyées

Ô fatale beauté dans le cœur maladif
Les nuits te peignent un manteau d’amour d’or
Dans les ténèbres tu illumines les cimes des ifs
Au cimetière des amours morts tu survis encore !

Flamme épouvante longue qu’un vent furieux cambre
Traînant une nuée de rouges étincelles
Torche brûlante tu avales tout dans le sombre
Après tes razzias ne restent dans les voluptés que les cendres !