Je feuillette au hasard les notes d'un voyage
Pages aux pétales des fleurs et mirages
Petits oiseaux frileux dans une cage fermés
Broyant toujours du noir par leurs peurs écorchés
Rêvant de vents ailés, d'un brin de liberté
D'un éden éloigné ou d'un jardin secret
Allons du bout des doigts dentelle crocheter
Autour de ces mots la magie épingler
Délivrer les idées et chasser les fantômes
Epousseter leurs gnomes et repeindre leurs dômes
Accrocher à leurs pieds des colliers argentés
Belles fleurs d'aubépine aux rayons de clarté
Vers d'autres horizons les laisser s'en aller
Au portail inconnu de tous leurs maux frapper
De leur chant unique d'autres oreilles charmer
Couvrir des fleurs fraîches quelque tombe oubliée
Féconder des œufs muets par l'union sacrée
D'un jeune îlot sablé avec la Mer Egée
Sous un sourcil d'ébène un regard allumer
Descendre aux enfers sauver quelques damnés
Ces frères solitaires qui font de leurs vies
Dentelle de fougère aux gouttes de pluie
Et que par pur hasard on nomme poésie
Douce, humble folie d'une source, d'un puits
Qui surgit par magie et inonde les vies
Des hommes audacieux épris de nostalgie
Et qui sans nulle honte aux arômes inédits
Parfume leurs envies avec coquetterie
Et qui déshabille d'un coup de folie
Jolie muse endormie dans un lit d'agonie
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"De même que le diamant n'est qu'un morceau de carbone tant qu'il n'est pas cristallisé, l'homme n'est que néant tant que la pensée n'a pas taillé son âme comme un joyau dont chaque facette célèbre la lumière éternelle"
Christian Bobin