A bouche que veux tu j'ai usé ma jeunesse
En vals de caresses sur un accent aigu
En son fruit suspendu j'ai bu jusqu'Ã l'ivresse
Des amours sans promesse , à bouche que veux tu !
J'ai bu de tout mon saoul, au doux pistil des fleurs
Et je me suis repu de futiles bonheurs
A bouche que veux tu sous des lunes de miel
A bouche que veux tu j'ai allumé le ciel
Passé au laminoir sur des épaules nues
Le regard plein d'espoir de belles ingénues
Comme un môme têtu, sur des sentiers sans gloire
Trop longtemps j'ai couru...et j'étais sans mémoire !
Mais, te voici venu ...raisin de mon pressoir
Et sous l'azur je vois percer ton soleil noir
Grappe de mon envie , foule vaine vendange...
J'entends pleurer la pluie dans le jour qui s' effrange
Lors, se réaccorde mon âme de violon
Jouant sur sa corde souvenirs en crépon
Amour trop embrassé, mais combien mal étreint !
Tu surgis du passé, tu renais sous ma main...
Toi, qui sous la clarté faïencée des étoiles
De ton cœur chaviré hissait les grandes voiles
Auras-tu attendu patiemment que je sème
Sur mon sentier perdu mes futiles je t'aime ?
A bouche que veux tu sauras-tu me donner
Si longtemps retenue la fleur de ton baiser ?
Je prierais tous les dieux, j'invoquerais Satan
S'il pouvait, de ses feux consumer chaque instant
Où je n'étais qu'un loup, affamé et sans loi
Où je n'étais qu'un fou,, à des milles de toi !
Viens, pose sur mon sein le sceau de ta victoire
De ce duetto ancien fais renaitre la gloire
Vite ! l'ennui étreint les arbres défeuillés
Tends- moi enfin les bras effaçons les années!
Car le voici venu le temps du raisin noir
Déjà coule son jus au pied de mon pressoir...