Je vous écris pour la dernière fois
depuis la prison de la Bastille,
où je suis au secret depuis deux mois,
derrière les barreaux de ma grille.

Il se pourrait que l'on me fusille,
pour offense à Sa Majesté le Roy,
ou bien que mon corps sous peu grésille,
si le souverain ne pardonne pas.

Je vous supplie d'intervenir pour moi,
afin que je revois ma famille,
appréhendant sans doute mon trépas,
avant que le chaud soleil ne brille.

Je sais que le sujet est délicat,
puisque vous êtes du Roy la fille,
mais songez plutôt à mon désarroi
de me voir revêtu de guenilles.

Dites-lui que je suis de bonne foi,
d'humeur parfois douce et très gentille,
peut-être insolent et sot quelquefois,
avec mes pamphlets de pacotille.