Sous la pâle dorure
d’une lueur dévoyée,
un peuplier d’Italie
file sa quenouille chétive
au bord d’un étang,
dans l’espace indécis
d’un nuage laineux
descendu Ă la rencontre matinale
d’une brume vaporeuse
glanant sur les rides des eaux
l’espoir d’une lumière nouvelle.
A son pied, dans la boue
foulée de mille pas,
se sont enkystés
dans une gangue argentée,
restée froidement virginale :
cailloux, feuilles mortes
et brindilles cassées,
reliques d’une saison passée.
Au bord de la route qui serpente
tout autour de l’étang,
pour mieux en Ă©pouser les formes,
s’élèvent et redescendent,
en lourds festons mordus par le vent,
les fils d’une ligne électrique
tout emperlés de givre.
Ils chantent d’une voix cristalline
par la grâce d’une nuit hivernale
et d’une déchirure fatale
qui, entre deux nuages,
a dû laisser s’échapper,
jusqu’au bleu du ciel,
l’ultime douceur d’un soir.
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Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie, c'est le mystère des choses !
(Frederico GARCĂŤA LORCA)