Souvent tard le soir
Tout au bord du lit
Où tu venais t'asseoir
Tu m'appelais chérie
Tu me disais des vers
Désarmants et joyeux
Je puisais dans tes yeux
Mes rêves de lumière
Tu m'appelais chérie
En caressant mon front
Pour chasser de la nuit
Les fantômes en haillons
Tu m'appelais chérie
- Ô! le chaud souvenir-
De ton souffle attendri
Berceau de mes sourires
Tu m'appelais chérie
Et posais sur mon nid
Les ailes d'un baiser
Duveteux et léger
Tu berçais sans effort
Mes peines enfantines
Je m'en souviens encore
- Ô! douce voix câline-
Tu m'appelais chérie
Et je peux te revoir
Car tu nais et fleuris
Rose de ma mémoire
J'ai agrandi mon pas
En épousant le tien
J'ai appris en tes bras
Les mots et les refrains
Chaque heure de ma vie
Avec toi chante et meurt
Tu es la douce amie
Qui a gravé mon cœur
Tes yeux se sont fermés
Tu as lâché ma main
L'automne en ton jardin
A perdu ses attraits
Déjà la feuille rousse
Jaunit et se craquelle
Et mon âme avec elle
Se couche sous la mousse
Alors l'orée rougie
Entrouvre une clairière
Et ton amour ma mère
l'emplit de mille bruits
Tu dénoues de leur flot
Le ruisseau de mes veines
Et je sens ton haleine
S'éveiller sous ma peau
Vague du souvenir
Où le temps s'éternise
Revient en lents soupirs
S'enlise dans la brise
Mon corps vieillissant
En reflète l'écho
Chaleur d'un accent
À l'ombre du tombeau
De mes pleurs desséchés
Je t'offre la mer morte
Pour toujours je te porte
Comme tu m'as portée !
Rosaly