Ils se caressent encore
d'une main qui rassure
se disent la tendresse
se disent tout l'amour
qu'ils gardent sous la peau
Puis ils oublient les mots
mais ils les reconnaissent
à chaque heure arrachée
au balancier des jours
Ils ont le geste lent
trottinent à petits pas
comme des funambules
hésitant sur un fil
Ils se savent fragiles...
Sentent craquer leurs os
pareils à ce bois mort
qu'on jette à l'automne
au premier feu de l'âtre
Ils se regardent
de leurs beaux yeux usés
où tremble par éclats
l'or des souvenirs
Et ils se les murmurent
comme de doux secrets
Ils s'attardent
juste un peu avant le crépuscule
quêtant sur le chemin
la fleur de jeunesse
Puis s'enlacent enfin
de leurs bras douloureux
dans le creuset du lit
où l'ombre vient s'abattre
Et le pâle oreiller
endeuillé par la nuit
recueille le baiser
que leurs lèvres se donnent
Rosaly
(décembre 2014)