Elle avait la peau douce
douce comme un bas de soie
et le regard fleuri
comme un champ de bleuets

La grâce de ses pas
ondulait sans secousse
au froufrou attendri
de sa robe taffetas

Moi, le cœur en émoi
je la voyais passer
Rieuse et plus légère
qu'une bulle irisée

Son parfum dans les airs
dessinait des rayons
et comme un pauvre hère
j'en humais le sillon

Lorsqu'elle me frôlait
comme par inadvertance
idiot je rougissais
perdant ma contenance

De ces lointains beaux jours
aux naïves couleurs
je garde tout l'amour
éclatant de fraîcheur

Un souvenir d'enfance
posé sur ma vieillesse
Une jolie caresse
Presque une renaissance!
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Oh! jeunes polissons
venus me visiter
dans cette résidence
où je vis exilé

Vous vous penchez vers moi,
Et vous me questionnez:
- « Qui était-ce? Réponds! »-
Si curieux et pressés...

Que j'en perds la voix
et ne peut murmurer!


Pourtant il me faut bien
finir la confidence
Alors tendant la main
je montre son portrait

Celui d'une jeune femme
que j'avais dessiné
à la robe légère
et au corps de faïence
…
Comme du fond d'une forge
sur l'enclume rouillée
les mots roulent éraillés
et sortent de ma gorge:

«c'était votre grand-mère...
la moitié de mon âme!»



Rosaly