Le chat est animal de grande résilience,
Car, s’il vient de chuter de plus de dix étages,
Il arrive à survivre contre toute espérance,
Il a sept vies, dit-on, et même davantage.

L’homme, nous dit le barde, aurait au moins sept âges,
Lui, qui fut nourrisson est un vieillard sans dents,
Lui, qui fut jeune fou, paraît-il, devient sage,
Il est plié en deux et marche pesamment.

Parfois, les souffreteux vivent le plus longtemps,
Mais à quoi servirait de prolonger la vie,
Si l’on ne sent plus rien, si l’on n’a qu’une envie,
Celle de s’assoupir, seul, sur son divan.

Il y a ceux qui, très tôt, ont leur jardin secret,
Habiles, ils dissimulent, tout de leur double vie,
Il y a celle qu’ils aiment, et celle qu’ils aimaient,
Et entre l’une et l’autre ils n’ont jamais choisi.

Certains rêvent encore de trouver la vraie vie,
Et ils cherchent toujours, certains qu’elle est ailleurs,
Ils s’adonnent à leur art et à la poésie,
Qui seuls, à leur avis rendent la vie meilleure.

Et d’autres se cramponnent au radeau de survie,
En espérant, un jour, toucher d’autres rivages,
Où le jour est plus beau et plus belle la vie,
Avec un peu de chance, évitant le naufrage.

Dans une guerre sainte, d’autres se sacrifient,
Ils sont prêts, pour la cause, à mourir en martyrs,
Afin d’avoir plus vite accès au paradis,
Reniant leur passé, insultant l’avenir.

Moi, je cueille les roses, car on n’a qu’une vie,
La vie n’est pas grand-chose, j’en suis toujours épris
Avec le temps qui lasse, plus je glisse et je tombe,
Mais je voudrais refaire, ma vie dans l’autre monde.

Dumnac