le regard de l’oubli

J’ai croisé son chemin
j’ai croisé son regard
il sentait la tristesse et le vin
un peu ivre un peu hagard

J’ai croisé son destin
et aussi son cafard
qui n’allait pas très bien
en sortant du bar

Je l’ai croisé en chemin
dans ma rue sur un trottoir,
avec son compagnon, un vieux chien
perdu sur le pavé du boulevard

Il avait soif il avait faim,
il beuglait le pauvre clochard,
il avait l'air d'avoir perdu son chemin
et il sentait le vieux mitard

Il était là depuis la fin
à l’épilogue de son histoire
depuis que sa femme avait pris ce train
sans jamais rentrer le soir

Je l’ai croisé son destin
les yeux de sa femme dans les phares
de l’alcoolique et pas qu’un brin,
qu’avait été son bourreau, un chauffard…

J'ai croisé son chemin
pas de gamin, juste un clébard,
allongé sur un vieux coussin,
crasseux de gris et de noir

J'ai croisé sa douleur et son chagrin,
et l’oubli, comme seule mémoire,
ses yeux gris était maux vains
son visage buriné et blafard

J’ai croisé sa route un matin
mai j’étais très en retard
je courrais après mon destin
comme l’oubli dans son regard…


à tout ceux qui errent perdu dans le regard de l'oubli...