Là bas où le sort est jeté
Où de jour comme de nuit
Le vent racle le sol dénudé
Et la chaleur tari les puits
Les bêtes périssent altérés
Et que les hommes fuient
Dans un bourg sans rues
Auprès d’un arbre érodé
Sous les chauds rayons drus
D’un soleil brûlant de l’été
J’ai vu un famélique enfant
Au visage terne et tout nu
Abasourdi, l’esprit errant
Ses cheveux sales, crépus
Un bout de lambeau lacéré
Couvrait à peine sa nudité
Dans un corps tremblant
D’odeurs morbides suinté
Ses yeux cernés et saillants
Son bas ventre boursouflé
Les osseux doigts pendants
Ses frêles côtes décharnées
Le cou en anneaux flottants
Grêles pommettes évidées
Signes de tristesse d’usure
Les lèvres arides et gercées
En étendues commissures
Rabattues sur son menton
Sa peau sèche aux os collée
Sa voix enrouillée sans son
Tout son proéminent front
En de profonds plis ridés
Les pieds nus et échancrés
Si péniblement mouvant
Son ténébreux regard lent
Sans dire mot m’interpellait
Et semblait me dire tant
Dans une plainte étouffée
Que son petit esprit ressent
Si j’étais le diable humain
Ou l’archange de la mort
L’aumônier ou le sacré saint !
Venu le délivrer de son sort
Mais hélas, hélas, hélas !!!