Demeure




Sur la croix des chemins où vient la tristesse,
Dans le retour d’une vague mélancolie du soir,
La bâtisse grise, recoin de grands oiseaux noirs,
Gémit de la perte de sa dernière hôtesse.

La porte fermée et les volets clos en deuil
Semblent ne pouvoir porter cette faillite ;
Cette demeure aux pierres millénaires s’effrite,
Flotte aux grands vents comme un funeste cercueil.

Rongée de l’intérieur par l’horreur et la suie,
On ne distinguera plus l’arrière du devant ;
Car tombe lentement la grisaille de l’auvent :
Un épais brouillard mêlé de sang et de pluie.

Des générations sont se croisées en ce lieu:
Celles du labeur et de la sueur de la terre ;
Elles qui ont vécu en ce sol solitaire
Ont sombré désormais dans un ciel oublieux.