Mer nocturne
Comme dans le firmament un nuage, La blanche écume, éprise du rivage, Et qui semblait venir de nulle part Jetait sur lui de tragiques regards Quand les ondes, éphémères, inconsolables, Dans l’immensité incommensurable Disparaissaient soudain en embrassant La grève éplorée, et en gémissant !
La nuit était calme et sans étoiles, Dans la mer on ne voyait nulle voile Dont les marins, du péril amoureux, Bravaient les ténèbres et les écueils, preux, Et les monstres de la mythologie Aux gueules fumeuses qui sont rougies Par leur propre flamme et par le sang Ethéré, de leurs martyrs innocents ! Comme cette mer obscure de ses ondes, Empli de mes rêveries profondes, Je contemplais le mouvement infini Des sombres flots et des vents réunis, Et j’écoutais la musique plaintive Que me chantait la lune chétive Voilée par le ciel noir et jaloux Qui à mes yeux cachait ses charmes doux ! Près de moi, lorgnant sa récompense, Un robuste pêcheur, sans impatience, Bercé par les odeurs et par les sons, A chaque remou croyait voir un poisson, Tandis que moi, dans cette nuit sereine, A chaque remou croyais voir une sirène !
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