Pauvre gamine à moitié abandonnée,
que faisais-tu tous les jeudis dans le grenier ?
Mon petit doigt me raconta un jour tout bas
que la malle d'osier t'attirait bien des fois
par sa taille pour toi si monumentale,
remplie d'objets à valeur sentimentale :
bouquins rouge grenat à tranche mordorée,
photographies glacées au charme suranné,
jupon à fin liseré porté naguère,
gilet rayé côtoyant la tabatière,
brodequins garnis d'œillets croisés de lacets,
étouffant boa curieusement serpenté,
miroir au tain fané garni de pierreries,
ta poupée de chiffon aux membres désunis.
Chaque semaine tes mains pressaient le ressort,
impatientes de découvrir d'autres trésors :
peut-être un éventail en papier plissé,
des jumelles de théâtre toutes nacrées,
de blondes mèches de tes cheveux de bébé,
d'anciennes cartes postales de la guerre,
un fin bavoir brodé et une brassière.
Jamais lassée de contempler ces merveilles,
tu espérais leur visite dans ton sommeil.