Toujours en chute l'homme qui se reprend sans cesse
C'est l'être assigné et qui pourtant galope
En lisière de la trame s'ouvre de vastes clairières
Où chacun risque tout
Son être et ses promesses

De sarabandes en voltes de ciel
Nul autre chemin sinon
Le chant des sources et des rochers
La voix des arbres et les bêtes
Le grognement baroque des égarés

Mais à l'heure du rappel vient l'octroi routinier
Et devant cet exode d'où jaillissent les cœurs 
Qui ceint ce qui fut aux vents de l'à venir
Chaque réprouvé se dessèche
Douze mesures de plombs 
Contre douze plumes sacrées
D'un horizon à l'autre on équarrit la beauté

C'est l'heure 
Lentement le réel ordonné se convulse
Dans la recomposition étrange de ses champs et de ses lois
À pas cadencés l'homme maintenant respire 
Tel un nom qu'on chuchote dans une forteresse

Tout près de lui 
Prisonnier mais sans cage 
Bridé mais avec grâce
Ainsi vole l'oiseau

Mais l’homme se mesure aux Bienheureux qu’il aperçoit au loin là-haut
Eux qui vont sans demeure ont la matière pour jeu
 
Et quand un homme désespère des mêmes visages arrêtés
Du protocole des fortunés qui brûlent des excréments pour leurs grandes messes où que ce soit
De la dévotion rageuse que les réprouvés ont pour eux, ces chœurs loyaux pleins d'anémiés
Des routes d’hier et d’aujourd’hui
Des faits et des gestes mâchés et recrachés par le théâtre mondial
Celui-là parfois courbe toute ses forces 
Pour d’une flèche atteindre
Par-delà ce qui est
Le lieu de tout magma

Atteindre et juste cela c’est là le danger

Car l’homme qui parfaitement s’échappe mais sans façonner 
Ce à quoi il échappe
Qui abolit du même geste tout ce qui relie
N’est plus rien qu’un chiffon brûlé qui tournoie
Sans nom et sans but dans l’espace disloqué

Mais rien n’est vain pour celui qui attend
Lui dessine au lieu même où un des siens s’est enfuit
Ici gît l’échoué 


Loin sont les Bienheureux 
Et là-haut 

Eux qui sans demeure 
Vont
Avec le monde