Plume de platine Inscrit le: 23/10/2012 De: Bassou - YONNE Envois: 5180 |
DEUX NOYERS COMME MIROIRS Deux noyers comme miroirs Les jours s’allongent, Toujours, je longe. Hier… Demain… Le même chemin. Six heures et d’mi, C’est très précis. Là , dans un champ, Je vois, charmant, Deux arbres au loin, Forment un dessin. L’une est fluette, L’autre un athlète. Voici l’histoire De leur mémoire : La vie s’écoule. Un coq, dix poules. C’était au temps, D’il y’a longtemps. Là ! Un ruisseau, Les jours sont beaux. Une vie rurale, Juste, normale, Faite d’élevage, De paysage, D’agriculture Et de nature. La vie est belle, Les hirondelles. Ces paysans, Ont deux enfants. Un gars, une fille. Le soleil brille. Ils étaient nés, La même année. Dix mois d’écarts, Fruit d’un hasard. Un frère, une sœur, Que du bonheur. --------------------------------- C’est vers cinq ans, Apparemment, Qu’ils eurent envie, De mettre ici, Deux coques de noix, En cet endroit. Elle, elle choisit, La plus jolie. Lui, il choisit, Une endurcie Ils les plantèrent à même la terre. C’est au printemps, Sous un doux vent. Que, des coquilles Naquirent une fille Et un garçon, Sous le ciel blond. Les deux planteurs, Avaient à cœur, De protéger. Ces si légers. Ils vinrent chaque jour, Leur dire "Bonjour." Ils surveillaient. Ils tuteuraient. Ils abreuvaient, Ces assoiffées. Les tiges de bois Prenaient du poids. Elles ramifiaient, Du haut, des pieds Ils prirent des forces Et de l’écorce. Cela dura, Prés de cent mois. Bientôt dix ans, Passe le temps. Les deux noyers, Se déployaient. Puis un matin, Vint le chagrin… C’était pourtant, Un beau printemps. Fait de douceur Et de chaleur. Puis de moiteur… Et de torpeur ! Le gris monta ! Le ciel gronda ! Une pluie d’orage ! De bruit ! De rage ! Fait de carnage ! Et de ravage ! Et tout d’un coup ! Tout devint fou ! La foudre tomba ! Ce matin-là … Dans ce champ là … Pile ! Sur celle-là ! ---------------------------- Apparemment, Au même moment, Une des enfants, Fit vers quinze ans, Une maladie Qui l’affaiblit. Durant cinq ans, C’est éprouvant. Sa "fleur de l’âge", Fut mise en cage Et sa croissance, Prit des vacances. Soixante mois, Compte avec moi, Ami lecteur, Avec lenteur. C’est infini, Dans une vie. Mais aujourd’hui, Elle cueille les fruits. L’attente finit. L’ennui s’enfuit. Cette imprésence D’adolescence. Un soleil blond, Donne ses rayons. Elle va dehors, Porter son corps. Son corps flétrît, Bien trop petit. Son frère s’est tu, Elle n’a pas su, Que la colère, Du Dieu Tonnerre. S’est abattu… Elle n’a rien su. Et aujourd’hui, L’attente finie. Elle va revoir, Son doux miroir. Cruel dessein, Sombre destin. Ce qu’elle faisait, D’un coup, d’un trait. Auparavant, Le nez au vent, Inconsciemment. En chantonnant. Elle mit deux heures, Faites de douleurs. Mètres après mètres, Par centimètres. Pour les voir poindre, Puis, les rejoindre. ----------------------------------- Il est des fois, Certains parfois. Dame nature Fend son armure. Elle donne son cœur, A une âme sœur. Dans un murmure, Elle susurre. Sur son tronc poussent, De vertes mousses Des boules de gui S’accrochent aussi Et quelques nids, Pour canari Et puis du lierre, De la lumière. Elle resta belle. Lui, tout contre elle. C’est au printemps, Printemps suivant. Qu’un peu de vie, Les a surpris. Quelques bourgeons, Sortirent du tronc. Puis, quelques fleurs Et quelques pleurs, Surprirent le frère, Des joues roulèrent. Alors bien sûr, C’est la nature. Lui est très grand, Toujours devant. L’autre plus petite, Derrière ensuite. Les deux sont pierres, Liés par le lierre. Si par brouillard, Ou vers le soir, Par ce chemin, Dans le crachin, Si vous veniez Vous promener. Regardez bien, Vers ce lointain. Là , dans ce champ, Vers le couchant. Vous y verrez, Ces deux noyers. Et puis, peut-être, Aussi deux êtres. Un frère, une sœur, Unis de cœur. Main dans la main, Toujours demain. Thierry
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