Il n’est jamais trop tard pour rêver sa jeunesse
Et donner l’innocence à l’âge de raison,
Il n’est jamais trop tard pour vivre de passion,
Et croire un avenir tout rempli de promesses.


Je vais gagner aux billes la fierté du vainqueur
Dans les cercles fermés des milieux affairistes,
Contre deux belles agates je vais prendre l’artiste
Et de ce gros calot payer les ingénieurs.
Je vais jouer l’usine en trois manches gagnantes
Dans la salle du conseil sur les tapis bouclés,
Entre administrateurs accroupis pour jouer
Les doigts en pichenette sur la bille brillante !

Je vais à la maîtresse dire combien elle est belle,
Et combien j’aimerai pouvoir lui dire longtemps,
Que ma main sur la sienne s’ajuste comme un gant
Taillé dans un tissu d’une douceur irréelle.
Je vais lui dire pourquoi son sourire me fascine,
Pourquoi le bleu du ciel est présent dans ses yeux,
Et la douce piqûre qui me rend si heureux
Quand elle vient vers moi dans son pull bleu marine !

Je vais depuis le ciel saluer les amis,
Après avoir sauté cloche-pied tous les chiffres,
Comme au bord de la mer de récif en récif,
Les cases de marelle des succès de ma vie.
Revenant sur la terre après chaque victoire
Pour aller jusqu’aux cieux tentant encore le diable,
Au risque de tout perdre, de paraître minable,
Mais certain à tout coup de connaître la gloire.

Il n’est jamais trop tard pour jeter sa vieillesse
Et trouver plus plaisant de perdre la raison,
Il n’est jamais trop tard pour rêver des passions
Et jouir par l’esprit d’intouchables richesses.