Plume de platine Inscrit le: 23/5/2011 De: Envois: 5513 |
Rachel Weiss Rachel Weiss
« Monsieur le commissaire, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance la présence d’une juive, Rachel Weiss, cachée depuis 40 chez le voisin M. Yves Dubois, habitant Rue du Diable, dans le 20e arrondissement de Paris. Une citoyenne. »
Sara Weiss est gardienne des Archives de la Police. L’ami historien lui glisse dans la main un document jauni. Ne demande pas pourquoi ni comment, je te devais une dette. Mais n’oublie pas, ouvrir cette cave de Pandore, c’est la guerre civile en France. La grand-mère Rachel revient de ses fibres nerveuses. La colère prend le pas sur la mémoire. Rattraper les Dubois. Les délateurs sont morts. Grand-père, grand-mère, le père et la mère. Les Dubois, en voie d’extinction. Ne demeure qu’Adrienne, Adrienne Dubois. Un détective, inutile en cette ère de transparence. Le livre jaune suffit. Mme Dubois, 12 rue Ledru Rollin, psychologue. C’est Sara qui rumine. Elle sait le pourquoi, pas le comment. La commissaire Élise Roy découvre. Un corps inerte, l’œil révulsé, le visage déformé. Une bougie près de la tête, tous les miroirs couverts d’une étoffe, le corps vêtu d’un drap blanc, les pieds vers la porte. Adrienne asphyxiée dans sa chambre par gaz. Aucun indice. Tout est possible. Un fait troublant cependant, elle ne se chauffe pas au gaz. Pourtant l’autopsie est formelle. Insecticide à base d’acide cyanhydrique. L’enquête va vite, trop vite. Et puis une cassette envoyée par la Poste. Un enregistrement. Une seule voix. Pas difficile d’identifier le timbre féminin.
Je ne comprends rien à votre récit. Silence. Oui, ma grand-mère était concierge. Il est vrai à l’adresse indiquée, à la date que vous dites. C’est si lointain. Des mots troués comme avalés. Mais pourquoi cet uniforme des temps nazis. Pourquoi cette boîte noire ? Des grésillements. Me déshabiller ! Me tondre ! Vous dîtes que je sais. Coupable de ne pas savoir. Que je chante. Un son mort. « Comme le moment de sa mort approchait, Israël appela son fils Joseph et lui dit : Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, mets ta main sous ma cuisse, je te prie, et agis envers moi en bonté de vérité. » Étrangement, pas de cris, aucun hurlement, pas le bruitage de la violence, mais des blancs dans la bande son.
Adrienne, Adrienne Dubois est morte. Dans sa chambre, chambre à gaz. Un numéro tatoué sur l’avant-bras droit : 25475471.
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