Tonton,
Toi qui vécu ta vie comme un oiseau sans aile,
Toi pour qui le présent se nourrissait d'adieux.
Tonton,
Toi qui faisait vibrer le coeur des demoiselles,
Déchirant tes amours aux portes des bistrots pour quelques spiritueux,
Dans ton alcôve, Tonton,
Le tango et la valse se dansaient sur les murs.
Tonton,
Toi qui m'a tout donné sans même recevoir,
Je te dois, le sais-tu, mes premières peintures!
Je te dois d'aventure l'autre côté du mur où brillent les miroirs.
Comme un soleil, Tonton,
Ton âme chauffe encor toutes mes meurtrissures.
Tonton,
Toi que j'ai tant aimé sans oser te confondre,
Sans pouvoir extirper de la vase profonde
Ce mal qui dévorait ton âme d'enfant nu,
Ce démon liquéfié qui coulait dans tes veines de pauvre chien perdu,
Dans ta dérive, Tonton,
Le courant n'était pas porteur de bienfaisance au chemin du bonheur;
C'était la mort, Tonton,
La mort qui t'a fauché aux fleurs, au comptoir des assoiffés de tendresse,
Quand la douleur se fait caresse à l'euphorie de l'ivresse.
Où sont les anges, Tonton?
Je ne vois rien!
Je ne vois que l'absence qui gangrène la joie des jours à venir.
Tonton,
Je sais que ton coeur pur a posé ses valises
Dans un endroit magique où les petits bateaux naviguent à leur guise,
Dans tes grands rêves, Tonton,
Tu naviguais,
Dans tes grands rêves, Tonton,
moi, je t'aimais!
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