Plume de soie Inscrit le: 8/3/2011 De: Envois: 103 |
Le suicidaire C’est dans la nuit. Que leur vie a basculé en Enfer, leur rappelant qu’ils étaient parents. A l’autre bout du couloir leur fils s’est suicidé. Sur le sol de la cuisine, l’image de son crâne éclaté. Qu’importe les souvenirs et les sourires du temps, quand s’abat l’ultime image de votre enfant.
Le deuil d’un suicide est une seconde mort. Effroyable. Feindre une vie pour cacher le mal qu’on ne rompt qu’avec la mort, attachée au regret, C’est laisser le mal ailleurs. Comme un cercle vicieux de douleur dont les mots deviennent usés. Assumer. Le désespoir invisible d’un fils. Dévoré par ses fantômes. Une mort ou la fatalité n’existe pas. Et ou les pleurs des proches sont aussi ceux des coupables. Comprendre l’incompréhension. A présent saisir les appels au secours d’un fils devenu fantôme.
Je suis mélancolique. Mélancolique de cette mort qui frappe aux portes avant de les refermer sur des vies brisées, De ce voleur de vie qui me fascine et que j’imagine courir dans le noir les mains souillées, Laissant la faille psychique. En silence. Dans le chagrin qui n’a pas de mots, Les maux d’avenir, que je perçois comme derrière une fenêtre sans rideau. Je perçois le mal qui s’étend sans jamais partir, sur des années figées, Dans l’ombre d’un fils qu’on pleure encore, et pour l’éternité.
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