Le violon

Vieille et orgueilleuse demoiselle corps droit
Chauve coiffée de ses quatre cheveux en soie
Epinglés à ses deux joues en creux avec soins
A sa volute enroulés aux fines chevilles de bois

Guidée par son archet mèche de résine cirée
Guindée de son manche sensible au toucher
Ses fins ouïes entre les éclisses et le cordier
Buste en essence rare sa table de filet ornée

Tables d’érable massif tirées et assemblées
Son postérieur et son avant en caisson vouté
L’avant bas par un fort galant chevalet monté
La poitrine corsage étroit de son fin C sanglé

Dans son corps un cœur solide fait tout vibrer
Armée de ses quatre cordes tendues et serrées
En sol la ré mi assidûment et finement accordées
Honorée et vénérée toujours sur l’épaule portée

Sa voix harmonieuse résonne dans l’air voguant
Enchante et emporte les cœurs dans son courant
Les échos de son timbre bercent nos fines ouïes
Ils nous charment et nous font oublier nos ennuis

Elle est et a été toujours parmi les premiers conviés
Aux grandes fêtes dans tous les podiums et palais
Aux festivités et manifestations musicales des étés
Où premières et meilleures loges lui sont réservées

De la génération des vingt-quatre violons est alignée
L’alto et le violoncelle sont ses proches apparentés
Elle mène la danse avec son ensemble ou en solo
Elle aime se détendre dans son feutre et faire dodo

Cher compagnon toi mon violon que j’aime tant
Tu m’as toujours suivi depuis que j’étais enfant
Un hommage à tes créateurs luthiers et fabricants
Et à tous les musiciens amoureux de cet instrument

-Bari-