LA MERE Côté face


Elle l'a si ardemment désiré, son enfant,
concocté par l'art atavique du corps habile !
Entre attente onirique et espoir oscillant,
elle le construit en grand secret, fil après fil.

Son fils, tel ses ancêtres aux mérites éclatants,
reprendra des aïeux le flambeau, fière lignée.
D'elle-même, il pourra hériter son coeur aimant
battant pour un corps dru à l'esprit délié !

Avec la délivrance, l'étreint un pur amour.
Elle découvre la foi naïve de cet humain,
réplique d'Adam à qui elle a donné le jour,
qui fixe le lien de son regard confiant au sien.

Il attend tout d'elle, sa protection, sa substance,
un miroir aimant pour bâtir son âme neuve.
Souriant à cette superbe promesse d'existence,
ils entament un dialogue où leur vies s'abreuvent.

Elle panse avec miséricorde les meurtrissures,
l'encourage à mener une vie ardente et pleine,
l'accompagne sur le chemin de l'aventure,
taisant les jugements hâtifs et les critiques vaines.

Le petit, tel une plante nourrie de lumière,
s'épanouit grâce à ces soins menus et constants.
Elle le veut fruit accompli d'un amour de mère.
L'avenir lui est ouvert, son destin l'attend !

D'un essor d'adulte, envol de sa liberté,
il fendra sa chrysalide d'homme en devenir.
A l'automne de sa vie, son chef-d'oeuvre achevé,
la maman pourra dire : « Hiver, tu peux venir. »

N.G.