NAISSANCE
Dédié à Khadija Arouhal
Ouvre maman ton ventre
Que je revienne et que j'y entre
Ainsi le pétrin pourrais-je fuir
Ainsi la vérité pourrais-je fuir
Qui persévèrent à me salir
Ouvre maman ton ventre
Que je revienne et que j'y entre
Le soleil du réel m'a calcinée
Introuvable l'ombre dulcinée
Introuvable la fraîcheur serinée
Je suis essoufflée suivant
La course parmi le vent
Maman pour moi trais
Un peu de ton lait
Pour sûr à en absorber
Il pourra bien résorber
L'amertume des jours exsangues
Il sera apte à adoucir ma langue
Pour mes veines il est arrosage
Rends-moi mère mon bas âge
Entre tes mains prends-moi
De tes berceuses endors-moi
En tes mains dépose-moi
Avec ton si tendre émoi
Où jamais ne tarissent les sentiments
Attache-moi fermement maman
Afin que je ne fasse
Pas de pas
La peau est de stigmates lasse
Comme de cloques sont les talons las
Aide-moi à déchiffrer la parole
Guide-moi à la plus suave parole
Les noms sont brouillés
D' un nom autre on m'a habillée
Qui n’est point à moi
Dihya ou Tilelly prénomme-moi
Ou alors Tin Hinan appelle-moi
Une voie je m'apprête à prendre
Où jamais je ne pourrai me perdre
Je voudrais tâtouer
Le corps de dessins
D'une âme le doter
Semer la vie parmi les traits du visage
Brûler à l'Histoire noire l'ancrage
Et des youyous maman émettre
Et encore des youyous émettre
C'est ce jour-ci que je suis née
Jour où je porte un vrai prénom
Et où je poursuis la voie de l'avenir
Farid Mohamed Zalhoud
Note du traducteur: Ce poème est extrait du recueil de Khadija Arouhal " aZawan n urmmaD" intitulé:"Talalit";je l'ai traduit en langue française afin de faire connaître notre poésie amazighe au lectorat francophone.J'espère avoir été fidèle l'âme du poème et à l'intention de la poétesse.
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"Je n'existe que dans la mesure où j'existe pour autrui"
Manet
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