Fut un temps où pas une journée ne se passait sans que je me retrouve les genoux couronnés, intrépide que j’étais, roulant sur une betterave pour faire du gymkhana ou roulant tout simplement à bride abattue. Un vrai garçon manqué. Qui se retrouvait, les genoux tachés de mercurochrome en quasi-permanencee.

Je n’avais pas encore découvert les milles petits ruses pour paraître belle, ma féminité étant encore en sommeil.

Trop jeune sans doute. Seuls, les jeux de garçon m’intéressaient des jeux que je partageais sans broncher, bien trop fière de ne pas être considérée comme une « mauviette » Et je tiquais les billes avec les copains en culotte courte, jouais au ballon prisonnier ou allais ramasser les têtards dans la rivière. Nous jouions aux indiens aussi, j’adorais. Etant la seule fille, je servais de cobaye et me retrouvais attachée à un arbre, alors que, au loin, ma mère s’égosillait en criant mon prénom pour que je vienne dîner. Bien sûr, personne ne voulait me détacher, jouer les caids, c’était « être fort » dans ce temps là. Et, CLAC ! cela me valait une paire de gifles magistrale, la tendresse n’étant pas la qualité principale de ma mère. Je m’en fichais, le même scénario se reproduisait le lendemain.

Des jeux innocents, sains en pleine nature. Des petits copains et des petites copines avec qui je jurais « croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer »

Je me souviens de ma première école, de ma blouse d’écolière et de mes galoches. Des règles cassées sur le bout des doigts, des doigts tâchés d’encre violette qui auréolaient les cahiers de superbes pâtés. En ce temps là, je parcourais 3 kilomètres à pied, été comme hiver pour aller à l’école. Je n’avais pas encore de bicyclette.. Je passais chercher Martial, mon petit copain, à la ferme où il avait été recueilli. Martial, un enfant de la DDASS. Mes yeux s’écarquillaient devant la grosse motte de beurre, posée sur la table. Je la regardais avec envie, car chez nous, à l’époque, l’argent manquait un peu, et une pièce de viande devait faire trois jours.
Je me souviens aussi du pauvre canard qui courait sans tête, et pour la gamine que j’étais, ce fut un spectacle épouvantable. Pas de chance le « coin-coin » désigné par la fermière pour finir en cocotte. Un canard, une cocotte ? Est-ce que cela se marie bien ?

Un grand déchirement quand nous avons déménagé et que j’ai dû me séparer de Martial. Les trajets pour se rendre à l’école en hiver étaient pénibles. Il faisait froid, et encore nuit. Nous courions à perdre haleine, à travers champs, la peur au ventre, en imaginant que la mère fouettard nous poursuivait. Et nous arrivions, pantelants, essoufflés sous le préau de l’école. Je ne l’ai jamais retrouvé ce cher petit ami d’enfance mais je pense très souvent à lui, et j’espère que la vie lui a été clémente.

Je me souviens du chapardage des cerises qui m’a valu une belle mésaventure. Ma mère m’avait acheté une belle jupe rouge avec des grandes poches ornées de nœuds blancs. Pas très soigneuse pour un sou, vrai garçon manqué je le répète, la jupe ne m’empêcha pas de grimper prestement dans l’arbre, trop contente de me mesurer aux copains. Après m’être bien repue de cerises, il fallut songer à redescendre. Je sautais, et là, patatras !. La jupe resta dans l’arbre, déchirée de haut en bas. Je me retrouvais au sol, en petite culotte devant les garçons éberlués. Là, pas très contente et le rose, plutôt le rouge aux joues. Et CLAC ! A nouveau.

De ce temps là, me reste le souvenir de la corde à sauter avec mes petites copines de classe, et des balles au mur à chanter : « petite bohémienne……. », jonglage à deux balles, puis trois et enfin, les interminables parties d’osselet.

De ce temps là, me reste les fous rires, les petites disputes qui prenaient des proportions insensées, les soirs d’été passés à jouer à saute mouton sur les bottes de foins, les jambes striées de zébrures rouges à cause de la paille.

Me reste…………une infinie tendresse pour ces moments d’enfance qui ne reviendront pas, mais qui vous enveloppaient de joies simples qui rosissaient les joues et allumaient des flammèches dans les yeux. Et, le bonheur d’avoir connu des petits compagnons, compagnes de jeux qui m’ont fait comprendre ce qu’était l’amitié, le partage, et avec qui j’ai fait mon premier apprentissage, celui de la vie.

Mes yeux se voilent,, les souvenirs affluent !!!!!!!Un doux moment de rêverie m’attend. Chut c’était le temps jadis, c’était hier, une tranche de vie, un moment très fort.

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La vie est belle il faut savoir l'apprécier.