Je veille...
et mes yeux se ferment
comme de vieilles portes secouées par le vent...
Je veille...
sur tes douleurs trop lourdes
que je ne puis porter
et qui te font crier dans tes nuits trop longues...
Je veille...
sur tes peines trop fortes
qui te font gémir pendant ces jours d'hiver...
Je veille...
et je te vois dans ton lit trop grand,
sourire quand même malgré ton désespoir...
Je veille...
impuissant à retenir ta main qui tremble...
Comme je me sens petit,
comme je me sens faible
face à un combat perdu d'avance...
Mes mots ne sortent plus:
finies mes belles phrases!
Perdu aussi le souvenir de ta chanson si douce
que tu fredonnais les soirs d'été...
Je veille...
Luttant de toutes mes forces
pour ne pas pleurer,
ne pas ajouter à ta peine...
Comme je me sens idiot
avec mon âme qui frisonne sous ma peau!
Je tousse de temps en temps
pour cacher ma souffrance qui me pique la gorge...
Je me retourne parfois
pour verser le trop plein de mes larmes
dans un mouchoir usé...
Je veille
ou plutôt je veillais...
car je me suis endormi
lorsque le jour se levait...
Tu es partie sans bruit
dans le silence,
pour ne pas déranger...
Et je n'ai même pas pu te dire "au revoir"
et une dernière fois te serrer dans mes bras...
gérard
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"Aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d'écrire un poème"
Extrait de "L'Artiste" de Charles Beaudelaire