VIEILLESSE

Qui n’aurait pas rêvé de vivre ses vieux jours
en vrai complice avec quelqu’un, aimé toujours
avec tendresse si ce n’est de grand amour,
vivre à deux se comprenant au moindre regard,
à demi-mot, dans le silence ou au soupir,
à l’écoute de leurs cœurs et de leurs désirs,
tolérant aimablement leurs menues faiblesses,
défiant la mort par une stoïque allégresse ?
Mais ainsi ne se passent pas souvent les choses
Tel conjoint, les maladies le rendent morose
Souvent la réplique devient dure et aigrie
Rares sont les moments de paix et d’accalmie
Parfois un mot tendre évoque l’amour flétri
Quelquefois, le silence est porteur d’armistice
Où seul, sans souci chacun vaque à ses caprices
S’ils partagent des loisirs, ce n’est qu’un répit
qui mettra en veilleuse une tension nourrie
L’amour qui jadis à deux réchauffait leur vie
il n’en reste que des souvenirs refroidis
Oui, le temps a fini par prendre le dessus,
ce temps qui casse tout, use sans retenue
faisant que l’amour à la longue soit perdu
Serait-ce la libido souvent en attente
qui, lasse de porter cette flamme vivante,
l’aurait dans son parcours laissée enfin éteinte ?
Ou bien la vieillesse aurait-elle si besoin,
pour vivre le restant de ses jours, d’un ferment
d’entente qui résiste à l’usure du temps,
ferment fait de saine amitié et de raison ?
Rien de tel pour nourrir un amour vieillissant
qu’une communauté d’esprit et de passion,
où affinités et liberté vont de pair
et s’allient à l’ombre d’une amitié sincère !

Mahmoud Ben Jemâa
14/8/2008